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這位一九七六年生的德國女導演瑪珩˙阿德(Maren ADE),影評人周星星我
居然跟她是同一天生日。


請參考二○一六年坎城影展專題,有坎城影展正式競賽片片單。

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A Cannes, Maren Ade sabote la compétition avec « Toni Erdmann »

LE MONDE | 14.05.2016 à 10h57 • Mis à jour le 14.05.2016 à 16h25 |

Par Mathieu Macheret

Maren Ade (née en 1976) est apparue sur les radars de la cinéphilie mondiale en 2009, avec un film d’une sensibilité infinie, Everyone Else (Ours d’or au Festival de Berlin), étude solaire de la résistance d’un couple en vacances sous le ciel de Sardaigne.

Avec Toni Erdmann, son troisième long-métrage, présenté dans une salle qu’on a rarement vue aussi hilare et conquise, ces mêmes radars risquent bien de s’affoler. Car la réalisatrice a pris là un risque considérable, d’une audace incroyable à ce stade de sa carrière (16 ans depuis la découverte à Sundance de son premier film, The Forest for the Trees, jamais distribué en France). Non seulement elle s’essaie à la comédie – ce qui n’arrive pas tous les quatre matins dans le cadre du jeune cinéma allemand –, mais pas n’importe laquelle : une « comédie de personnages », art de funambule qui peut vite s’effondrer si ces derniers ne sont pas à la hauteur, c’est-à-dire à la fois crédibles et démesurément excentriques.

C’est donc par ces protagonistes qu’il convient de commencer. D’un côté, nous avons Winfried (Peter Simonischek), homme d’âge mûr et d’allure négligée, dont la seule fantaisie est de faire des blagues. Pas des vannes élaborées, mais des bien « rustiques », à base de postiches et autres coussins péteurs. Rien de bien méchant, si le bonhomme n’était complètement imprévisible : avec lui, ça peut sortir n’importe quand. En face, Inès (Sandra Hüller), sa fille, travaille pour une société de « consulting » allemande basée à Bucarest. Elle est tout le contraire de son père : sérieuse, compétitive et dépourvue du moindre humour. Entre ces deux-là, il y a comme une rupture dans la filiation et, de l’un à l’autre, quelque chose d’essentiel ne peut pas, ne pourra jamais se dire.

Perruque et faux râtelier

A partir de cette opposition, le film fonctionne comme une fusée à trois étages qui démarre, décolle puis atteint les étoiles. Commencé sur le mode réaliste, Toni Erdmann se laisse contaminer par la folie douce, bientôt inquiétante, d’un Winfried qui s’invite sans prévenir à Bucarest et envahit la sphère professionnelle d’Inès, jusqu’à se faire chasser. C’est alors que les choses décollent : le trublion revient, affublé d’une perruque et d’un faux râtelier, sous une identité fictive, s’inventant un personnage nommé « Toni Erdmann » – un peu comme le faisait celui d’Andy Kaufman dans Man on the Moon (1999), de Milos Forman. Il se dédouble donc, dans une forme de schizophrénie pratique, où le postiche joue le rôle d’une prothèse : puisque le père et la fille sont des infirmes de l’échange, c’est par le truchement de l’artifice que passe, désormais, la communication. Et celle-ci prend la forme d’un jeu incontrôlable, d’une fiction toujours plus glissante, à laquelle Inès va peu à peu se prêter.

Ce glissement est rendu possible par une mise en scène d’une merveilleuse simplicité. Comment décrire cette écriture si peu démonstrative, qui semble ne se distinguer du « petit réalisme » que par la précision de son tempo, la justesse ahurissante de ses -comédiens, la clarté de son timbre et de sa lumière, d’une blancheur expansive, comme autant d’éléments qui flottent entre ses personnages ?

C’est sans doute cela qu’on appelle la grâce. Mais une grâce jamais bégueule, sachant s’embarrasser de mauvais affects (l’objectif d’Inès est d’externaliser les procédures de son entreprise, donc à licencier) et s’accommoder d’une drôlerie souvent triviale. Sublime effacement, qui n’a pourtant rien d’une qualité négative, car c’est encore grâce à sa parfaite plasticité que, palier après palier, le film en arrive à une grande explosion d’exubérance, lors d’une dernière séquence sidérante, dont il ne faut ici rien dévoiler. Disons juste qu’Inès, embourbée dans ses passions tristes (la réussite vulgaire, le sexe désaffecté), s’en sortira grâce à l’expérience d’un ridicule complet, mais aussi que Winfried achèvera sa mue spectaculairement, jusqu’à la parfaite monstruosité. A travers eux, Toni Erdmann nous dit ceci d’essentiel, qu’il faut oser saborder sa vie dans les grandes largeurs pour espérer un
jour la savourer pleinement.

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