Césars 2013 : une soirée un peu terne dominée par "Amour" |
Le Monde.fr | 23.02.2013 à 02h56 • Mis à jour le 23.02.2013 à 11h13 |
La dernière phrase prononcée sur la scène du Théâtre du Châtelet à Paris, samedi 23 février, alors que la 38e cérémonie des Césars touchait à sa fin, a été : "On peut faire des productions européennes sans rien délocaliser". Prononcée par Margaret Menegoz, la productrice d'Amour, de Michael Haneke, grand triomphateur de la soirée, elle était révélatrice de l'ambiance d'une soirée un peu terne, traversée d'inquiétudes (surtout matérielles), dont l'humour – qu'il fût drôle ou pas – a d'abord été grinçant. Le palmarès a donc distingué la Palme d'or du Festival de Cannes 2012. Amour a reçu les Césars du film, du réalisateur et du scénario original, pour Michael Haneke, de l'acteur pour Jean-Louis Trintignant, de l'actrice pour Emmanuelle Riva, déjà récompensée par un Bafta britannique et nommée à l'Oscar. Mais le metteur en scène autrichien n'était pas là pour recevoir sa récompense (il était à Madrid pour la première de sa mise en scène de Cosi Fan Tutte), pas plus que Jean-Louis Trintignant qui s'est dit – appelé au téléphone par son fils Vincent – "confus, un peu ému". De rouille et d'os, de Jacques Audiard (adaptation, musique, espoir masculin pour Matthias Schoenaerts, montage), Les Adieux à la reine, de Benoît Jacquot (costumes, photo, décors) et Le Prénom d'Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte (seconds rôles pour Guillaume de Tonquedec et Valérie Benguigui) se sont partagé le reste des récompenses. Argo, de et avec Ben Affleck a reçu le César du film étranger, Invisibles, de Sébastien Lifshitz, celui du documentaire et Ernest et Célestine, de Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier, celui du film d'animation. Camille redouble, la comédie de Noémie Lvovsky pourtant treize fois nommée, Holy Motors, le poème cinématographique de Leos Carax ou Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé (qui avait sans doute le tort d'être trop proche, par son sujet, du film de Haneke) ont été tout à fait ignorés. Face au Théâtre du Châtelet, avant la cérémonie, quelques dizaines de techniciens du cinéma avaient bravé le froid pour réclamer l'extension de la convention collective, que refusent certains syndicats de producteurs. Les militants scandaient : "Une seule solution, l'extension de la convention" aux côtés de badauds indifférents qui tentaient d'entrevoir les invités, soigneusement filtrés par un service de sécurité chaque année plus imposant. A l'intérieur, le maître de cérémonie, Antoine de Caunes, a multiplié les références aux dernières tribulations de la grande famille du cinéma "qui est une famille normale" a-t-il fait remarquer, puisque dysfonctionnelle. Le présentateur et le président de la soirée, Jamel Debbouze, ont accumulé les allusions fiscales, les références à l'exil itinérant de Gérard Depardieu (avec une préférence pour l'étape russe, marquée par l'exécution de La Marseillaise par un chœur inspiré de celui de l'Armée rouge). Entre ces allusions et la manifestation syndicale, il était difficile d'ignorer que l'année à venir s'annonce délicate pour le cinéma français. Le matin même, l'hebdomadaire Le Film français avait publié son palmarès de la rentabilité. Pendant l'année écoulée, aucun film français n'a amorti ses investissements par sa seule carrière en salles. |
Par Thomas Sotinel |
薯條革命
Après Cannes et avant les Oscars, "Amour" triomphe aux Césars |
Le Monde.fr avec AFP | 23.02.2013 à 00h35 • Mis à jour le 23.02.2013 à 02h36 |
Déjà couvert de prix, plébiscité par le public et en lice pour les Oscars, le film de l'Autrichien Michael Haneke, Amour, a reçu, vendredi 22 février, cinq Césars, dont le plus prestigieux, celui du meilleur film, un parcours triomphal inattendu pour ce huis-clos oppressant sur la vieillesse et la mort. Sans musique, sans effets, rythmé par les seuls grincements de parquet d'un immense appartement parisien, Amour met à nu l'inexorable déchéance d'un couple d'octogénaires : Anne (Emmanuelle Riva), victime d'attaques cérébrales, perd peu à peu son autonomie, puis la parole, jusqu'à ce que tout son corps la trahisse, sous les yeux impuissants de son mari Georges (Jean-Louis Trintignant), amoureux jusqu'au bout. Ce film, pour lequel Michael Haneke a également reçu les Césars du meilleur réalisateur et du meilleur scénario original, repose entièrement sur les épaules de ses deux interprètes principaux, couronnés eux aussi des Césars du meilleur acteur et de la meilleure actrice. A 82 ans, Jean-Louis Trintignant, auquel Haneke pensait dès l'écriture du film, a accepté de sortir de sa retraite cinématographique pour camper ce mari-amant, qui promet à sa femme qu'elle ne retournera jamais à l'hôpital. La dernière apparition du comédien au cinéma remontait à 2003, dans le film de Samuel Benchetrit, Janis et John. Quant à Emmanuelle Riva, qui fêtera le 24 février ses 86 ans, elle abandonne toute pudeur pour offrir sans sentimentalité son corps à la caméra. Une performance qui lui a valu un Bafta britannique de la meilleure actrice et une nomination à l'Oscar dans la même catégorie, qui sera décerné dimanche. Symbole du monde extérieur de plus en plus lointain, Isabelle Huppert est la fille du couple, accaparée par sa vie londonienne, une troisième collaboration de l'actrice avec le metteur en scène autrichien. "Arrivé à un certain âge, on est obligatoirement confronté à la souffrance de quelqu'un qu'on aime", avait affirmé Michael Haneke devant la presse à Cannes, où il avait reçu en mai 2012 la Palme d'or, sa deuxième après Le Ruban blanc en 2009. Le film, malgré son sujet difficile, a rencontré un bon accueil auprès de la critique, avec plus d'une quinzaine de prix internationaux, mais aussi auprès du public avec quelque 680 000 spectateurs en France et plus d'1,7 million à l'étranger. Amour, financé à 70 % par des capitaux français, est sorti ou va sortir dans 50 pays. |
留言列表