《就是世界末日》團隊還有蕾雅˙瑟杜(Léa SEYDOUX)、凡松˙卡塞爾
(Vincent CASSEL)、蓋斯帕˙于利艾爾(Gaspard ULLIEL),臉色都不
太好。
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« Juste la fin du monde » : la famille selon Xavier Dolan, une vision d’apocalypse
LE MONDE | 19.05.2016 à 06h35 • Mis à jour le 19.05.2016 à 13h39 |
Par Isabelle Regnier
Avouons-le, l’extrait qui circule sur le Net nous avait fait peur. Cette scène de déjeuner de famille où Gaspard Ulliel dit, d’une voix hésitante, vouloir retourner voir la maison de leur enfance. Où Vincent Cassel, en mode actif-agressif, le rembarre d’un « tu veux te retrouver dans cette piaule de chiasse ? ! », suivi d’un « est-ce que moi j’ai envie d’aller à Auschwitz pour aller me branler dans le sang séché pour écrire un poème ? ! ». Où Nathalie Baye, maquillée comme une voiture volée, tranche avec un « Antoine ça suffit, mauvais goût, mauvais goût ! » pendant que Léa Seydoux et Marion Cotillard regardent passer les plats. La séquence laissait présager un moment de théâtre filmé digne des pires heures de la télévision publique française. Nous étions loin du compte.
Adapté de la pièce Juste la Fin du monde de Jean-Luc Lagarce, écrite en 1990, alors qu’il se savait atteint du sida, ce sixième long-métrage de Xavier Dolan (27 ans cette année !) est son plus abouti, son plus fort à ce jour. Il saisit Louis, alter ego de l’auteur interprété par Gaspard Ulliel, dans un avion, tandis qu’en « off », la voix de l’acteur annonce le programme : revenir sur ses pas, retrouver sa famille, leur annoncer sa mort « prochaine et irrémédiable ». « En être l’unique messager (..) me donner, et donner aux autres, une dernière fois, l’illusion d’être responsable de moi-même et d’être‚ jusqu’à cette extrémité‚ mon propre maître. »
Ce prologue funèbre diffuse sa terrible gravité dans la course folle qui suit, un voyage en taxi recomposé comme un flip book d’images filantes au son, poussé à plein volume, d’une musique conquérante, qui propulse le film sur sa rampe de lancement. Et nous voilà chez Martine (Nathalie Baye, impayable sous sa perruque noir corbeau), où tout le monde attend le retour du fils prodigue. Ce qui va se jouer dans ce huis clos grotesque et désespéré est une tragédie de l’intime, de la solitude radicale de l’homme, où l’âme se voit littéralement mise à nu. La rencontre de ce personnage qui vient pour annoncer sa mort et de ceux à qui il vient l’annoncer, qui attendent de sa part la promesse d’un avenir partagé, ne peut provoquer qu’un hurlement muet. On est par-delà l’incommunicable, dans la zone irréparable du déjà trop tard.
Hystérie à haute intensité
Douze ans que Louis n’a pas vu sa mère, ni son frère, ni sa sœur. Avec ces gens de peu, mal dégrossis, incapables de communiquer autrement que par l’invective ou l’insulte, l’homosexuel sophistiqué qu’il est, intellectuel brillant, doux et posé dans son rapport aux autres, ne partage rien. « J’ai peur d’eux », dit-il à un ami, au téléphone. Comment trouver non seulement la force, mais aussi, simplement, un moment pour prendre la parole dans ce climat délétère, très Dolan première époque, où personne n’écoute personne et où tout le monde se coupe en vociférant. Ce régime d’hystérie à haute intensité n’a pas eu l’heur de plaire à tout le monde sur la Croisette.
C’est dommage, car malgré le poids de la situation qui vous cloue littéralement au fond de votre siège, c’est souvent drôle. Dans son rôle de « connard ascendant violent », Vincent Cassel, notamment, est dément. Dolan, en outre, a l’élégance d’offrir à ses spectateurs des échappées fantasques comme cette chorégraphie (très mal) improvisée par Léa Seydoux et Nathalie Baye au son d’un vieux tube d’O-zone (collector). Ou cette réminiscence lumineuse, provoquée par la découverte, dans la remise, du vieux matelas qui accueillit jadis ses amours avec Pierre, dit Joli-Coeur.
Dans la gabegie qui masque mal le champ de ruine de cette famille rongée par la souffrance, la honte et le ressentiment qu’a nourri le vide laissé par un dieu vivant qui fut un jour des leurs, la mise en scène baroque de Dolan travaille les creux ; réveillant, ici, dans un échange de regards vif comme l’éclair, la mémoire d’une complicité qui fut ; révélant, là, l’indicible à la surface d’une alternance hallucinée de gros plans de visages. Elle exprime ce que les personnages sont incapables de dire eux-mêmes. Elle raconte en silence que la bouleversante Catherine (merveilleuse Marion Cotillard) – épouse hypersensible et souffre-douleur d’Antoine que tout le monde prend pour une idiote –, a compris la raison de la visite de Louis, que les autres, murés dans
leurs névroses, ne s’expliqueront jamais.