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DEUXIÈME SENS DU MOT FACULTÉ. ── En un premier sens, faculté renvoie aux divers rapports d'une représentation en général. Mais en un second sens, faculté désigne une source spécifique de représentations. On distinguera donc autant de facultés qu'il y a d'espèces de représentations. (13 | 14) Le tableau le plus simple, du point de vue de la connaissance, est celui-ci : 1° Intuition (représentation singulière qui se rapporte immédiatement à un objet d'expérience, et qui a sa source dans la sensibilité) ; 2° Concept (représentation qui se rapporte médiatement à un objet d'expérience, par l'intermédiaire d'autres représentations, et qui a sa source dans entendement) ; 3° Idée (concept qui dépasse lui-même la possibilité de l'expérience et qui a sa source dans la raison) [1]  .

Toutesfois la notion de représentation, telle que nous l'avons employée jusqu'à maintenant, reste vague. D'une manière plus précise, nous devons distinguer la représentation et ce qui se présente. Ce qui se présente à nous, c'est d'abord l'objet tel qu'il apparaît. Encore le mot « objet » est-il de trop. Ce qui se présente à nous ou ce qui apparaît dans l'intuition, c'est d'abord le phénomène en tant que diversité sensible empirique (a posteriori). On voit que, chez Kant, phénomène ne veut pas dire apparence, mais apparition [2]  . Le phénomène apparaît dans l'espace et dans le temps : l'espace et le temps sont pour nous les formes de toute apparition possible, les formes pures de notre intuition ou de notre sensibilité. En tant que telles, ils sont à leur tour des présentations : cette fois, présentations a priori. Ce qui se présente n'est donc pas seulement la diversité phénoménale empirique dans l'espace et dans le temps, mais la diversité pure a priori de l'espace et du temps eux-mêmes. L'intuition pure (l'espace et le temps) est précisément la seule chose que la sensibilité présente a priori.

(14 | 15) A proprement parler, on ne dira pas que l'intuition même a priori soit une représentation, ni que la sensibilité soit une source de représentations. Ce qui compte dans la représentation, c'est le préfixe : re-présentation implique une reprise active de ce qui se présente, donc une activité et une unité qui se distinguent de la passivité et de la diversité propres à la sensibilité comme telle. De ce point de vue, nous n'avons plus besoin de définir la connaissance comme une synthèse de représentations. C'est la re-présentation elle-même qui se définit comme connaissance, c'est-à-dire comme la synthèse de ce qui se présente.

Nous devons distinguer, d'une part, la sensibilité intuitive comme faculté de réception, d'autre part, les facultés actives comme sources de véritables représentations. Prise dans son activité, la synthèse renvoie à l'imagination ; dans son unité, à l'entendement ; dans sa totalité, à la raison. Nous avons donc trois facultés actives qui interviennent dans la synthèse, mais qui sont aussi bien sources de représentations spécifiques, quand on considère l'une d'entre elles par rapport à une autre : l'imagination, l'entendement, la raison. Notre constitution est telle que nous avons une faculté réceptive, et trois facultés actives. (Nous pouvons supposer d'autres êtres, autrement constitués ; par exemple un être divin dont l'entendement serait intuitif et produirait le divers. Mais alors, toutes ses facultés se réuniraient dans une unité éminente. L'idée d'un tel Être comme limite peut inspirer notre raison, mais n'exprime pas notre raison, ni sa situation par rapport à nos autres facultés.)



[1]  《純粹理性批判》,Dialectique, « Des idées en général ».

[2]  《純粹理性批判》,Esthétique, § 8 ( « Je ne dis pas que les corps ne font que paraître exister hors de moi... J'aurais tort si je ne voyais qu'une pure apparence dans ce que je devrais regarder comme un phénomène ». )

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    遊蕩的哲學: ERRANCE, ERRARE HUMANUM EST, & LES PLAISIRS D'ERRER, ET CAETERA.

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