close

《戀愛進行式》《戀愛進行式》《戀愛進行式》《戀愛進行式》美國美國美國美國美國

最右邊的是美國男導演傑夫˙尼柯斯,中間是澳大利亞男演員喬爾˙艾格頓
(Joel EDGERTON),最左邊的是美國女演員露絲˙尼嘉(Ruth NEGGA)





請參考二○一六年坎城影展專題,有坎城影展正式競賽片片單。

坎城影展坎城影展坎城影展坎城影展坎城影展坎城影展坎城影展坎城影展
坎城影展坎城影展坎城影展坎城影展坎城影展坎城影展坎城影展坎城影展

回到二○一六年坎城影展專題首頁
     http://blog.yam.com/jostar2/article/26666685  

坎城影展得獎名單  2005-2015
     http://blog.yam.com/jostar2/article/26666681  

搜尋坎城影展 2006-2020  http://blog.yam.com/jostar2/article/25005002  



« Loving » : l’amour et la peur, à même la peau

LE MONDE | 17.05.2016 à 06h48 • Mis à jour le 17.05.2016 à 11h11 |

Par Isabelle Regnier

En 1958, dans le Sud des Etats-Unis, les mariages « interraciaux » étaient interdits par la loi. Richard et Mildred Loving s’en moquaient, ils s’aimaient. Il était blanc, elle était noire, ils sont partis à Washington, sont revenus mariés. Au milieu de la nuit, la police a débarqué chez eux, les a tirés du lit, et jetés en prison. Jugés coupables d’infraction à la loi sur l’intégrité des races, Richard et Mildred Loving furent condamnés à un an de prison avec sursis, assorti de 25 ans d’exil hors du territoire de Virginie. Neuf ans plus tard, dans un arrêt intitulé « Loving contre l’Etat de Virginie », la cour suprême des Etats-Unis rendait inconstitutionnelles toutes les lois interdisant les unions mixtes.

Révélé avec Shotgun Stories, néowestern tourné dans les plaines de l’Arkansas, Jeff Nichols a 37 ans, et déjà cinq longs-métrages au compteur. Il n’a eu de cesse, depuis, de revisiter l’imaginaire du Sud des Etats-Unis à la lumière des grands genres du cinéma, en en diluant leurs codes dans le spectre hanté de sa vision du monde. Avec l’histoire de « Loving contre l’Etat de Virginie », il s’essaye pour la première fois au biopic, en s’inscrivant dans la grande tradition classique du mélodrame.

L’Histoire en marche

Pas de violon, pas de moment de bravoure, pas de commentaire édifiant. La mise en scène cultive au contraire l’ellipse, une belle sobriété qui n’empêche pas l’émotion de vous envahir dès le premier plan. Car Jeff Nichols ne se contente pas de filmer ses acteurs. Sa caméra les enveloppe d’un tel amour qu’elle les rend immédiatement vivants, révélant tout à la fois la force de leur présence au monde, et leur fragilité face à la violence aveugle qui s’abat sur eux. Cette vibration, qui fait la beauté et la douce puissance de ce film, est tout aussi intense dans les scènes intimes que dans les moments collectifs. Nichols les saisit avec une fluidité sensuelle, glissant sur les visages en gros plan, mixant les voix qui se chevauchent comme autant de pistes musicales.

Imbriquant les registres de l’intime et de la grande Histoire, la mise en scène tresse dans un même tissu organique les mouvements de l’amour, de la vie sociale, du combat contre l’Etat… Tout passe par la peau, par les gestes, par le timbre des voix, par la manière qu’ont Joel Edgerton et Ruth Negga, dans les rôles de Richard et Mildred, de toujours se tenir droits et d’apparaître ainsi, y compris dans la douleur et l’humiliation, comme l’incarnation fière de l’Histoire en marche.

A chaque victoire son temps de sidération

Alors qu’elle a déjà trois enfants, et qu’elle est en train de repasser son linge dans sa petite maison de Washington, Mildred voit Martin Luther King prendre la parole à la télévision, au milieu de la foule, le jour de la grande marche pour les droits civiques. A une amie venue lui rendre visite, elle confie, dans un soupir accablé, se sentir à des années-lumière de ce qui se passe dans la rue. Mais celle-ci la reprend : « You gotta get yourself some civil rights, honey ! » (« Il est temps que tu te procures quelques droits civiques, ma chérie ! »). L’idée fait son chemin, et voilà Mildred qui prend la plume pour écrire à Bobby Kennedy, connu pour son engagement en faveur des droits civiques. Plus rien, dès lors, n’entamera sa calme détermination.

A la vitesse de la révolution qui s’opère aux Etats-Unis en ce début des années 1960, des premières fusées qu’on voit décoller pour l’espace et des courses de voitures que Richard dispute le week-end, tel James Dean dans La Fureur de Vivre, la mise en scène oppose la lenteur de la parole et des gestes de ses personnages. A chacune de leurs victoires, Mildred réagit par un long silence, un temps de sidération, nécessaire sans doute pour évaluer la portée vertigineuse des mots qui tombent dans ses oreilles. C’est elle, la femme noire, qui porte dans sa chair l’histoire de l’esclavage, qui prend conscience de l’enjeu historique de leur combat, de la responsabilité politique qu’il leur confère. Richard, qui ne demande rien d’autre qu’à vivre en paix et en sécurité avec sa famille, ne voit pas si loin.

Muette paranoïa

Ce charpentier profondément amoureux de sa femme, obsédé par l’idée de mettre les siens à l’abri, et humilié de ne pouvoir le faire, rappelle le personnage que jouait Michael Shannon dans Take Shelter, dont les échos résonnent sourdement dans Loving. Depuis la scène fondatrice où la police vient arracher les jeunes mariés à leur lit, le danger s’est infiltré partout, nourrissant en retour une muette paranoïa. En Virginie, chaque voisin est un délateur en puissance. A Washington, le tumulte de la ville menace l’intégrité des enfants, et les travaux sur les échafaudages, celle du père. La fin du monde est au bout de la rue, et Jeff Nichols, qui n’a décidément pas peur des mélanges, injecte dans son biopic une tension de thriller psychologique. En recourant ainsi aux puissances du faux, il exprime au plus juste la violence démente, inimaginable aujourd’hui (malgré les traces qui en subsistent), d’une société où les Noirs finissaient pendus au bout d’une corde. Et la terreur qu’elle produisait dans les cœurs.

全站熱搜
創作者介紹
創作者 errance 的頭像
errance

遊蕩的哲學: ERRANCE, ERRARE HUMANUM EST, & LES PLAISIRS D'ERRER, ET CAETERA.

errance 發表在 痞客邦 留言(0) 人氣()